Chapitre 2

 

Matériel de base

 
Un artiste qui utilise uniquement le crayon de couleur, peut exercer son art aussi bien sur une simple planche à dessins, dans le coin d’un atelier, qu’en costume trois pièces sur une table Louis XVI. En effet, le crayon de couleur ne salit pas et peut se travailler n’importe où. Il m’arrive souvent de changer de lieu, et il m’est très facile de transporter tout mon matériel, (j’arrive même à travailler un détail d’une œuvre en cours, dans le train) : cela se résume aux crayons, taille crayon, cutter, gomme, (tout ceci dans un petit cartable) et à l’œuvre elle-même dans un carton à dessins, si c’est une feuille, ou le plus souvent dans un tube si j’utilise un rouleau.
 
Le papier : en feuille ou en rouleau ?
 
Pour une œuvre de petit format, la feuille suffit.

À partir d’un certain format, le papier sous forme de rouleau se révèle indispensable. Je l’utilise au-delà du format raisin (50 x 65 cm).

Le papier est enroulé sur 10 mètres avec différentes largeurs : 75, 150 cm ou plus. (Dans le cas de la " Bataille d’Alexandre " le rouleau faisait 1,58 m x 10 m).

L’avantage de travailler directement sur le rouleau, c’est que l’œuvre se trouve protégée en toutes circonstances, en plus de réduire considérablement l’encombrement lors de son transport. Dans le cas de la feuille, si sa hauteur dépasse la longueur du bras, il est évident que l’on se trouve dans l’impossibilité de continuer sans être gêné par le bas de celle-ci, car le crayon se travaille à plat. Le seul moyen d’atteindre n’importe quel endroit de l’œuvre sans être gêné, c’est donc de prendre un rouleau, et de progresser en déroulant le côté vierge tout en enroulant le côté travaillé. (Voir photo) Il permet donc d’accéder à n’importe quel point de l’œuvre, même sur une table de dimensions inférieures à celle-ci ; ceci étant possible parce que le crayon de couleur ne poudroie pas et ne tache pas.
 
 

Travail sur papier en rouleau

 
Le papier : quel grammage utiliser ?
 
La technique que j’utilise nécessite un grammage inférieur à 180g. Au-delà, la pression que j’exerce sur le papier fait que plus celui-ci est épais, plus il se creuse sous la mine et se déforme de façon inégale [voir chapitre 4 " Mélange à sec "]. De plus, le risque que le papier s’arrache à sa surface augmente si on insiste trop lors du mélange des couleurs.

L’idéal pour moi est le papier de 180g.
 
Le papier : le grain, côté lisse ou granuleux ?
 
On peut aussi bien utiliser l’un ou l’autre. C’est une question de préférence, chacun a des avantages et des inconvénients.

Le côté granuleux accroche mieux la mine, et de ce fait le crayon se fixe mieux sur le papier. Mais les nuances et dégradés sont plus difficiles à réaliser car le papier disparaît moins facilement lors du mélange des couleurs. Si l’on s’y prend mal on risque de voir beaucoup plus les coups de crayons et de déformer le papier, parce qu’on insiste alors trop (une astuce permet d’éviter cela, [voir chapitre 4 " Mélange à sec "]).

À l’inverse, le côté lisse donne un aspect uniforme plus facilement mais accroche moins la mine. Il arrive donc parfois qu’une infime partie de crayon s’en aille par endroit, laissant deviner le papier. Le moyen d’éviter cela est d’appliquer un fixatif pour crayons au cours de la réalisation. Même s’il n’y a pas d’urgence comme avec le pastel sec, il est bon de le faire de temps en temps. Il faut toutefois employer un fixatif de qualité, qui diffuse de façon uniforme, sans projeter de gouttelettes qui tacheraient l’œuvre.
 
Le taille-crayon rotatif
 
J’utilise un taille-crayon rotatif (voir photo) qui taille la mine sur 360° , elle est donc toujours entièrement dégagée de son bois.

Pour certaines réalisations, une taille spéciale de la mine est nécessaire. Un cutter ou autre lame peut la sculpter selon ma volonté [voir chapitre 3 " Taille de la mine "]
 
 
La gomme
 
Le crayon de couleur se gomme difficilement et la gomme pour crayon à papier ne sert que pour un gommage léger et peu précis.

Il ne faut en aucun cas prendre une gomme dure qui agresse le papier et risque de l’arracher.

Pour gommer des petits détails sans effacer le reste, il existe un ustensile idéal qui fait des miracles. Il s’agit de la gomme électrique (voir photo) Elle est même dans certains cas un outil complémentaire au crayon de couleur pour réaliser des effets [voir chapitre 4 " Mélange à sec"] Elle est constituée d’une petite gomme cylindrique de 3 mm de diamètre sur quelques centimètres de long que l’on glisse dans un support métallique, lui-même introduit dans une sorte de gros stylo. Lorsqu’on appuie sur le bouton, un petit moteur électrique fait tourner la gomme très vite sur son axe. Ainsi, au lieu d’effectuer un va-et-vient comme avec une gomme classique, (qui efface tout sur son passage) on n’a plus qu’à poser l’extrémité de la gomme en rotation sur le détail et le tour est joué. La précision est inférieure au millimètre.